LÀ OÙ NOS MONDES SE TOUCHENT

Cité internationale des arts, Paris
Dans le cadre du programme Ateliers Ouverts
Le 14 juin 2023

Avec Inara Bagirova, Jasmine Bissete, Mina Bozormehr & Hadi Kamali Moghadam, Chloe Brenan, Joana Carro, Zohreh Deldadeh, Yohan Hàn, Aung Ko, Alexander Morozov, Mehdi Ouahmane, Cecilia Porras-Saenz, Matthew Schembri, Ahmed Taigué, Albina Vatikhova, Hinda Weiss.

Commissariat et programmation, Lena Peyrard
Sur une invitation de l’Institut français




« La plupart des îles du monde font archipel avec d’autres. » (Traité du Tout-Monde, 1997).


Ces paroles sont celles d’Edouard Glissant, philosophe, écrivain et poète martiniquais dont la pensée tonitruante embrasse la diversité mondiale. La poétique de Glissant nous invite à regarder le monde comme un tissu vivant de mondes infinis, de relations indémêlables et de différences qui s’accordent. Cette pensée en archipel désigne la co-présence des êtres et des choses, et les heurts imprévisibles provoqués par leurs interférences. Ces heurts qui ne sont que beauté et permettent de « se changer en échangeant avec l’autre, sans se perdre ni se dénaturer ».

La Cité internationale des arts se compose d’un ensemble d’îles, les artistes, qui définissent ensemble un écosystème. Vivier de la création où l’art se pense, se discute, s’expérimente, s’invente et se montre, la Cité abrite des pratiques artistiques qui témoignent à la fois d’un enrichissement partagé et de l’affirmation des originalités. À l’image de cette Cité archipélique, les Portes Ouvertes des ateliers de l’Institut Français sont pensées comme une source de polysémie et de diversité, un espace de frictions et de porosités entre les pratiques des seize artistes internationaux en résidence. La réflexion curatoriale qui accompagne les Portes Ouvertes s’emploie à affirmer la pluralité du programme de résidences et des individualités représentées. Rassemblée sous le titre « Là où nos mondes se touchent » la programmation prend la forme d’un festival polyphonique qui tend à explorer à la manière d’Edouard Glissant la rencontre, l’interférence, les harmonies et les disharmonies entre les pratiques hétérogènes des artistes résident.es et les résultats imprévisibles que cela génère.

Un programme-archipel donc, qui « rallie des rives et marie des horizons » (Glissant, 1997). Il s’agit là aussi d’une réflexion de l’instant présent, à l’instar du concept même de résidence d’artistes, car celles et ceux qui la constituent aujourd’hui seront ailleurs demain. S’assembler, s’accorder, s’entremêler sont les maîtres mots de cette pensée insulaire. Le temps d’une soirée, des ponts se créent, les rives se rapprochent et l’archipel se dessine. « Là où nos mondes se touchent » est une invitation à explorer le fragile, l’ambigu et la singularité des artistes en résidence sous sa forme la plus archipélique.





Lena Peyrard