LE THÉÂTRE DU VENTRE PLEIN
Encore Le Lieu, Biarritz
Du 5 au 19 août 2021
Exposition personnelle de Margaux Henry-Thieullent
Commissariat d’exposition Lena Peyrard
︎︎︎ Article “ Biarritz : Margaux Henry-Thieullent présente une exposition sur la maternité”, Le Sud-Ouest.
C'est un abri fragile. Un abri de papier qui se gonfle à mesure que les courants d'air le transpercent. C'est une membrane. Celle d'un corps devenu l'architecture d'un sanctuaire intime. Alors que l'on pénètre au creux de ce ventre sacré, sur les parois s'animent les silhouettes monstrueuses et disloquées qui composent l'univers de Margaux Henry-Thieullent où le dessin se fait brutal, témoignant du besoin physique de faire mémoire du monde qui l'entoure. Sous la main de l'artiste, la femme, figure récurrente de son corpus, apparaît telle une ogresse toute puissante, personnage d’ambiguïté à l'origine de la création, mais aussi capable de tout détruire. Prêt à surgir hors du dessin, le corps de la femme s'arrondit, plié sous le poids de l'être qui grandit et se donne à voir aussi fort que fragile. Un corps-architecture, un corps-machine, un corps-animal duquel s'échappent fluides, monstres, amour et violence. Sur les parois du ventre de papier se dessine alors une histoire composite qui intervient comme un témoignage autobiographique sur la maternité de l'artiste qui donna naissance à sa fille en avril 2021.
Le Théâtre du Ventre Plein se définit comme un autoportrait en creux de la femme, artiste et mère. L'exposition devient dès lors le territoire d'un intime que Margaux Henry-Thieullent nous dévoile avec une sincérité déroutante, et dans le même temps s'attache à libérer la parole autour d'un sujet aussi universel que celui de la maternité. Une maternité, qui s'accompagne d'une double naissance, celle de l'enfant, mais aussi celle de la mère pour reprendre les propos de Dana Raphael, anthropologue américaine qui en 1973, invente le terme dematrescence pour définir la quête d'identité de la nouvelle mère. Les dessins de l'artiste explorent ainsi l’émergence des peurs et angoisses durant cette période de bouleversements, dans un besoin viscéral d'extérioriser ces émotions. Margaux Henry-Thieullent aborde avec une poésie crue la position d'artiste-mère, figure ambivalente qui conjugue celle de la mère intimement liée à la protection tout autant qu'à la destruction, et celle de la femme artiste dont le corps politique devient le berceau de la création permanente. Au cœur de ce théâtre de la vie aux œuvres dégoulinantes de joie, d'humour, de violence et de peurs, un râle mystique semble transpercer la torpeur de l'été. Brûlante d'une énergie créatrice, apparaît alors les contours de la Guerrière au ventre au plein.
Encore Le Lieu, Biarritz
Du 5 au 19 août 2021
Exposition personnelle de Margaux Henry-Thieullent
Commissariat d’exposition Lena Peyrard
︎︎︎ Article “ Biarritz : Margaux Henry-Thieullent présente une exposition sur la maternité”, Le Sud-Ouest.
C'est un abri fragile. Un abri de papier qui se gonfle à mesure que les courants d'air le transpercent. C'est une membrane. Celle d'un corps devenu l'architecture d'un sanctuaire intime. Alors que l'on pénètre au creux de ce ventre sacré, sur les parois s'animent les silhouettes monstrueuses et disloquées qui composent l'univers de Margaux Henry-Thieullent où le dessin se fait brutal, témoignant du besoin physique de faire mémoire du monde qui l'entoure. Sous la main de l'artiste, la femme, figure récurrente de son corpus, apparaît telle une ogresse toute puissante, personnage d’ambiguïté à l'origine de la création, mais aussi capable de tout détruire. Prêt à surgir hors du dessin, le corps de la femme s'arrondit, plié sous le poids de l'être qui grandit et se donne à voir aussi fort que fragile. Un corps-architecture, un corps-machine, un corps-animal duquel s'échappent fluides, monstres, amour et violence. Sur les parois du ventre de papier se dessine alors une histoire composite qui intervient comme un témoignage autobiographique sur la maternité de l'artiste qui donna naissance à sa fille en avril 2021.
Le Théâtre du Ventre Plein se définit comme un autoportrait en creux de la femme, artiste et mère. L'exposition devient dès lors le territoire d'un intime que Margaux Henry-Thieullent nous dévoile avec une sincérité déroutante, et dans le même temps s'attache à libérer la parole autour d'un sujet aussi universel que celui de la maternité. Une maternité, qui s'accompagne d'une double naissance, celle de l'enfant, mais aussi celle de la mère pour reprendre les propos de Dana Raphael, anthropologue américaine qui en 1973, invente le terme dematrescence pour définir la quête d'identité de la nouvelle mère. Les dessins de l'artiste explorent ainsi l’émergence des peurs et angoisses durant cette période de bouleversements, dans un besoin viscéral d'extérioriser ces émotions. Margaux Henry-Thieullent aborde avec une poésie crue la position d'artiste-mère, figure ambivalente qui conjugue celle de la mère intimement liée à la protection tout autant qu'à la destruction, et celle de la femme artiste dont le corps politique devient le berceau de la création permanente. Au cœur de ce théâtre de la vie aux œuvres dégoulinantes de joie, d'humour, de violence et de peurs, un râle mystique semble transpercer la torpeur de l'été. Brûlante d'une énergie créatrice, apparaît alors les contours de la Guerrière au ventre au plein.
Lena Peyrard