L’EXPOSITION QUE J’AURAIS AIMÉ VOULOIR FAIRE
Marcos Uriondo
2021
Texte de l’exposition L’EXPOSITION QUE J’AURAIS AIMÉ VOULOIR FAIRE
Galerie du Haut Pavé, Paris
Du 4 au 16 février 2021
︎︎︎ Publié dans la revue Point Contemporain
︎︎︎ Marcos Uriondo
C'est un refrain entêtant « If I am only my toughts, let me be one, let me be one ».
Un air suave du groupe indé Loving dans la playlist proposée par Marcos Uriondo pour accompagner ce qu'il nous avoue être « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire ». Car c'est en musique que l'artiste nous invite à parcourir l'exposition qu'il a imaginée à la galerie du Haut Pavé, suite à une participation remarquée au salon Jeune Création en février 2020. Né en 1990 à Madrid, Marcos Uriondo vit et travaille à Paris. Effectuant des allers-retours incessants entre une idée et son figuré, son terrain de jeu est celui du simulacre et de l'illusoire où les plans, les échelles et les matières se superposent. C'est alors que la surface plane d'une toile devient le lieuprivilégié pour aborder la profondeur, ou bien encore que des objets domestiques deviennent les porte-paroles (au sens littéral) d'une rhétorique propre à l'artiste.
« Si je ne suis que mes pensées, laisse-moi en être une » indique la chanson. Ses pensées, Marcos les formule en espagnol dans son esprit et s'adonne à une acrobatie mentale avant de s'exprimer en français, langue qu'il côtoie chaque jour dans sa ville d'adoption. C'est justement dans cet interstice que se situe l'exposition, mettant en lumière un délire linguistique peuplé de faux-amis. Dans « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire », l'artiste nous invite à considérer l'influence des mots dans notre rapport aux autres et dans notre positionnement au monde, s'emparant pour cela de situations cocasses et de malentendus auxquels il est confronté au quotidien. Comme Alice suivant le lapin blanc, Marcos nous transporte dans un monde peuplé d'objets aussi merveilleux qu'étranges et porteurs d'une narration au vocabulaire singulier : celui de l'absurde, où le langage lui-même devient un simulacre. Dans l'espace de la galerie, l'artiste présente un ensemble de pièces comme autant d'anecdotes de son vécu qu'il retranscrit sous forme plastique, flirtant avec le surréalisme. Ici l'objet domestique est saboté. Il côtoie l'organique qui prend vie là où on ne l'attend pas. Presque tentaculaire, un ingénieux système d'arrosage irrigue les différents éléments présentés et dessine aux murs une série de phrases, venant ainsi rythmer la déambulation comme un tempo de plus en plus fort tandis que la pensée s'émiette.
Avec « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire », c'est donc le langage que Marcos Uriondo transcende, créant par le truchement d'un vocabulaire formel et délirant une mosaïque infinie de jeux linguistiques. Véritable acrobate de la rhétorique, Marcos en possède la sensibilité, une certaine forme d'agilité et même l'humour. « If I am only my toughts, let me be one, let me be one » résonne encore dans nos oreilles alors qu'à ces paroles viennent s'ajouter d'autres voix intérieures provenant d'histoires qui s'entrechoquent dans l'espace de la galerie.
Marcos Uriondo
2021
Texte de l’exposition L’EXPOSITION QUE J’AURAIS AIMÉ VOULOIR FAIRE
Galerie du Haut Pavé, Paris
Du 4 au 16 février 2021
︎︎︎ Publié dans la revue Point Contemporain
︎︎︎ Marcos Uriondo
C'est un refrain entêtant « If I am only my toughts, let me be one, let me be one ».
Un air suave du groupe indé Loving dans la playlist proposée par Marcos Uriondo pour accompagner ce qu'il nous avoue être « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire ». Car c'est en musique que l'artiste nous invite à parcourir l'exposition qu'il a imaginée à la galerie du Haut Pavé, suite à une participation remarquée au salon Jeune Création en février 2020. Né en 1990 à Madrid, Marcos Uriondo vit et travaille à Paris. Effectuant des allers-retours incessants entre une idée et son figuré, son terrain de jeu est celui du simulacre et de l'illusoire où les plans, les échelles et les matières se superposent. C'est alors que la surface plane d'une toile devient le lieuprivilégié pour aborder la profondeur, ou bien encore que des objets domestiques deviennent les porte-paroles (au sens littéral) d'une rhétorique propre à l'artiste.
« Si je ne suis que mes pensées, laisse-moi en être une » indique la chanson. Ses pensées, Marcos les formule en espagnol dans son esprit et s'adonne à une acrobatie mentale avant de s'exprimer en français, langue qu'il côtoie chaque jour dans sa ville d'adoption. C'est justement dans cet interstice que se situe l'exposition, mettant en lumière un délire linguistique peuplé de faux-amis. Dans « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire », l'artiste nous invite à considérer l'influence des mots dans notre rapport aux autres et dans notre positionnement au monde, s'emparant pour cela de situations cocasses et de malentendus auxquels il est confronté au quotidien. Comme Alice suivant le lapin blanc, Marcos nous transporte dans un monde peuplé d'objets aussi merveilleux qu'étranges et porteurs d'une narration au vocabulaire singulier : celui de l'absurde, où le langage lui-même devient un simulacre. Dans l'espace de la galerie, l'artiste présente un ensemble de pièces comme autant d'anecdotes de son vécu qu'il retranscrit sous forme plastique, flirtant avec le surréalisme. Ici l'objet domestique est saboté. Il côtoie l'organique qui prend vie là où on ne l'attend pas. Presque tentaculaire, un ingénieux système d'arrosage irrigue les différents éléments présentés et dessine aux murs une série de phrases, venant ainsi rythmer la déambulation comme un tempo de plus en plus fort tandis que la pensée s'émiette.
Avec « L'exposition que j'aurais aimé vouloir faire », c'est donc le langage que Marcos Uriondo transcende, créant par le truchement d'un vocabulaire formel et délirant une mosaïque infinie de jeux linguistiques. Véritable acrobate de la rhétorique, Marcos en possède la sensibilité, une certaine forme d'agilité et même l'humour. « If I am only my toughts, let me be one, let me be one » résonne encore dans nos oreilles alors qu'à ces paroles viennent s'ajouter d'autres voix intérieures provenant d'histoires qui s'entrechoquent dans l'espace de la galerie.
Lena Peyrard