© Galerie Roméro Paprocki - Alisson Borgo
Vis-à-vis
Jan Melka, Paul Rousteau
2024
Texte de l’exposition Vis-à-vis,
Galerie Roméro Paprocki, Paris
Du 16 mai au 12 juin 2024
︎︎︎ Galerie Roméro Paprocki
︎︎︎ Jan Melka
︎︎︎ Paul Rousteau
On appelle 'field recording' cette pratique d'enregistrement sonore qui vise à capter quantité de sons d'un environnement afin d'en conserver une trace phonique. L'exposition Vis-à-vis se veut la rencontre de deux approches artistiques intimement liées par leur fascination commune pour la nature. À l'instar des 'field recorders', Jan Melka et Paul Rousteau, parcourent les sentiers en quête de cet état médian où la réalité se tord et s'efface pour laisser place à l'empreinte émotionnelle.
Les œuvres de Jan Melka prônent la liberté gestuelle. Dans un ballet de superpositions et de figures répétitives, elle libère des corps abstraits de ses tracés primitifs. Sa série intitulée Détachement, inspirée des formes végétales rencontrées lors de ses pérégrinations au Mexique, explore les entrelacs et les courbes des troncs, des lianes, des écorces, les transmutant en amas de corps enchevêtrés. Mais loin de se limiter à une représentation figée, l'artiste transcende le sujet et tend vers l'abstraction. À travers un travail de griffures, d'accumulation et de cisaillement, elle déconstruit la forme humaine pour mieux la délivrer de ses entraves. Jan Melka cherche la profondeur. Elle semble creuser la surface de la toile de son trait noir pour en faire jaillir la lumière. C'est une puissance brute qu'elle insuffle à ses œuvres, où chaque ligne semble se débattre dans l'espace saturé de la toile, cherchant à libérer toute la physicalité du geste de l'artiste.
Face aux œuvres de Paul Rousteau, demeure également le sentiment d'être aspiré par l'image. Mais tandis que l'on plongeait dans la profondeur du noir chez Jan Melka, on retrouve chez Paul Rousteau une explosion de couleurs. L'artiste explore les frontières de la photographie par ses interventions directement sur l'image imprimée. Mêlant dans sa démarche image numérique et geste pictural, il propose une vision hallucinée de la nature alentour. Sa série, fruit de trois années d'exploration autour de chez lui dans l'Oise, témoigne d'une nouvelle étape dans sa pratique. En utilisant des techniques mixtes telles que le pastel et l'huile, il altère les paysages photographiques pour créer des compositions aux couleurs vibrantes. Son travail se distingue par des interventions brutes, laissant transparaître l'ambiguïté entre photo et peinture, et des interventions plus élaborées inspirées de représentations du nu féminin. À travers ses œuvres, c'est un état d'extase que recherche Paul Rousteau, une rêverie, où le visible cède la place à l'exploration du sensible.
Les œuvres présentées dans l'exposition oscillent entre la grandeur des panoramas et l'intimité des esquisses. Alors que les grands formats de Jan Melka et Paul Rousteau se comportent comme des portails vers un univers parallèle propice à l'exploration de nos imaginaires, leurs petits formats, plus confidentiels, nous dévoilent le processus créatif à l'œuvre. Ces derniers agissent comme un laboratoire d'observation et célèbrent le geste spontané, l'inspiration déployée. Ainsi, l'exposition Vis-à-Vis est une histoire de rencontre. Celle de deux regards face à une nature dont ils tentent de capturer l'essence même. Celle de deux artistes dont la réunion des œuvres se fond en une poésie visuelle et polyphonique.
Jan Melka, Paul Rousteau
2024
Texte de l’exposition Vis-à-vis,
Galerie Roméro Paprocki, Paris
Du 16 mai au 12 juin 2024
︎︎︎ Galerie Roméro Paprocki
︎︎︎ Jan Melka
︎︎︎ Paul Rousteau
On appelle 'field recording' cette pratique d'enregistrement sonore qui vise à capter quantité de sons d'un environnement afin d'en conserver une trace phonique. L'exposition Vis-à-vis se veut la rencontre de deux approches artistiques intimement liées par leur fascination commune pour la nature. À l'instar des 'field recorders', Jan Melka et Paul Rousteau, parcourent les sentiers en quête de cet état médian où la réalité se tord et s'efface pour laisser place à l'empreinte émotionnelle.
Les œuvres de Jan Melka prônent la liberté gestuelle. Dans un ballet de superpositions et de figures répétitives, elle libère des corps abstraits de ses tracés primitifs. Sa série intitulée Détachement, inspirée des formes végétales rencontrées lors de ses pérégrinations au Mexique, explore les entrelacs et les courbes des troncs, des lianes, des écorces, les transmutant en amas de corps enchevêtrés. Mais loin de se limiter à une représentation figée, l'artiste transcende le sujet et tend vers l'abstraction. À travers un travail de griffures, d'accumulation et de cisaillement, elle déconstruit la forme humaine pour mieux la délivrer de ses entraves. Jan Melka cherche la profondeur. Elle semble creuser la surface de la toile de son trait noir pour en faire jaillir la lumière. C'est une puissance brute qu'elle insuffle à ses œuvres, où chaque ligne semble se débattre dans l'espace saturé de la toile, cherchant à libérer toute la physicalité du geste de l'artiste.
Face aux œuvres de Paul Rousteau, demeure également le sentiment d'être aspiré par l'image. Mais tandis que l'on plongeait dans la profondeur du noir chez Jan Melka, on retrouve chez Paul Rousteau une explosion de couleurs. L'artiste explore les frontières de la photographie par ses interventions directement sur l'image imprimée. Mêlant dans sa démarche image numérique et geste pictural, il propose une vision hallucinée de la nature alentour. Sa série, fruit de trois années d'exploration autour de chez lui dans l'Oise, témoigne d'une nouvelle étape dans sa pratique. En utilisant des techniques mixtes telles que le pastel et l'huile, il altère les paysages photographiques pour créer des compositions aux couleurs vibrantes. Son travail se distingue par des interventions brutes, laissant transparaître l'ambiguïté entre photo et peinture, et des interventions plus élaborées inspirées de représentations du nu féminin. À travers ses œuvres, c'est un état d'extase que recherche Paul Rousteau, une rêverie, où le visible cède la place à l'exploration du sensible.
Les œuvres présentées dans l'exposition oscillent entre la grandeur des panoramas et l'intimité des esquisses. Alors que les grands formats de Jan Melka et Paul Rousteau se comportent comme des portails vers un univers parallèle propice à l'exploration de nos imaginaires, leurs petits formats, plus confidentiels, nous dévoilent le processus créatif à l'œuvre. Ces derniers agissent comme un laboratoire d'observation et célèbrent le geste spontané, l'inspiration déployée. Ainsi, l'exposition Vis-à-Vis est une histoire de rencontre. Celle de deux regards face à une nature dont ils tentent de capturer l'essence même. Celle de deux artistes dont la réunion des œuvres se fond en une poésie visuelle et polyphonique.
Lena Peyrard